samedi 4 juillet 2020

Ipsedixitisme, ultracrépidarianisme et réseaux sociaux

Ipsedixitisme est un latinisme, il substantive la locution latine Ipse dixit qui signifie littéralement "Il a dit" avec un sens de référence dans ce "Il" donc plus prosaïquement on peut le traduire par "Le maître a dit". Au delà du fait qu'on peut toujours se la péter en utilisant un mot peu commun, ce terme prends son biais le plus retors quand il provient des réseaux sociaux.

En quoi facebook, linked-in, twitter ou encore instagram peuvent ils biaiser ce comportement puisqu'ils permettent à tout un chacun d'exprimer son opinion et donc à priori expose toutes les opinions de manière égale laissant au lecteurs le bonheur de se faire une opinion éclairée de sagesse populaire. Déjà, rien que ça pourrait être effrayant tant on sait que ladite sagesse populaire relève plus de la superstition que d'autre chose mais les réseaux sociaux évitent ce genre de choses. En effet, leurs algorithme vous affichent des publicités et surtout des publications que vous avez décidé de suivre et de vos amis. Hors nous sommes tous un peu crétins et plutôt que de suivre les opinions opposées nous avons tendance à avoir des amis avec qui nous avons beaucoup en commun et suivons des publications qui ont, a un moment ou un autre flatté notre égo. Nous lisons donc beaucoup plus de textes qui nous confortent dans notre pensée, bonne ou mauvaise, que d'opinion opposées ou même simplement divergentes. Ce mécanisme est renforcé par le fait que nous avons le pouvoir, sur ces fameux réseaux, de cacher, volontairement, les messages des personnes dont la pensée nous bouscule dans nos certitudes. Petit à petit nous nous retrouvons enfermés dans un monde d'information qui nous révèle jours après jours notre propre pensée.

Ce flot d'ipsedixitisme favorise fortement l'ultracrépidarianisme .

Ultracrépidarianisme est là encore un latinisme, qui dit en un mot, certes pas simple, notre propension à accorder plus de crédit aux arguments qui vont dans notre sens qu'aux autres. Nous sommes en effet plongés par les réseaux sociaux dans un environnement ou notre pensée nous semble majoritaire, ce qui renforce l'effet de l'ultracrépidarianisme et donc nous pousse à penser que notre pensée est majoritaire, raisonnée et vraie. Cela flatte l'orgueil mais c'est souvent faux. Les élections, les faits d'actualités, les gens que l'on ne peut s'empêcher de croiser, nous le rappellent régulièrement.

Merci à Etienne Klein pour ces deux jolis termes.

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